Enluminure

Définition

Le terme d’enluminure, est issu du Latin « illuminare » qui signifie éclairer ou illuminer (mettre en lumière). Cette mise en lumière repose sur l’association d’une peinture (à base de pigments) réalisée à la main sur un parchemin, et de feuilles d’or (ou l’argent). Toutefois, les premières enluminures (à la fin du quatrième siècle) ne comportaient ni or ni argent (compte tenu de leur rareté et de leur prix).

L’enluminure est utilisée pour décorer le texte d’un manuscrit afin de le mettre en valeur (lettrine), d’illustrer le thème abordé dans le texte (miniature), ou plus simplement décorer la page (bandeaux, bordures, bas de page, etc.). Les enluminures au moyen âge servaient à la fois de repère et de support pour véhiculer des messages ou symboles non écrits.

Bible d'Arnstein - Folio 155r (zoom) - Saint Matthieu

Types d’enluminure

Les enluminures se déclinent sous différents aspects selon les ouvrages. Vous trouverez ci-dessous les principales formes qu’il est possible de rencontrer.

Initiales et lettrines

initiales

Initiale

Une initiale (ou lettre initiale), est tout simplement le premier caractère (la première lettre) d’un mot. Cette lettre peut être la première d’une phrase, d’un nom propre, d’un verbe, etc.  (Exemple : les initiales de l’expression « enluminure médiévale », sont : E. M.). L’initiale est parfois rehaussée d’une décoration, d’une mise en couleur particulière, ou être marquée par une forme majuscule ou capitale.

Lettrine

Lettrine

Souvent confondue avec l’initiale, une lettrine est une lettre de dimension supérieure au texte qui le suit et qui occupe un espace vertical de plusieurs lignes dans le paragraphe où elle est placée. Elle peut être mise en valeur par l’application d’une couleur, d’un motif simple, ou par l’enluminure.

Lettrine Champie

Lettrine champie

Une lettrine champie est une lettre dorée, dont les couleurs dominantes sont le rose (ou rouge) et le bleu, et dont la partie centrale est rehaussée par des décorations cursives filiformes ou végétales (le plus souvent des feuilles de vigne ou des feuilles d’acanthe).

Lettrine historiée

Lettrine historiée

Une lettrine historiée est une lettre initiale illustrée (illustration figurative). Les lignes graphiques de la majuscule servent de cadre à l’illustration qui peut être composée de plantes, d’animaux (zoomorphe), de motifs géométriques, ou de personnages (anthropomorphe). Les éléments qui composent la lettrine historiée sont en liaison thématique avec le sujet développé dans le texte (l’histoire) qu’elle accompagne.

Lettrine synthétique

Lettrine synthétique

Assez semblable à la lettrine historiée, elle s’en distingue par sa composition : dans la lettrine synthétique, c’est l’illustration qui forme la lettre (et non la lettre qui accueille l’illustration). La période mérovingienne de l’enluminure en présente de nombreux exemples. Les lettrines synthétiques (également appelées « Lettres figurées » se composent d’animaux, de personnages ou d’objets.

Miniatures

« Miniature » est le terme commun employé pour désigner une enluminure (sans rapport avec une lettrine) de dimension modeste. La miniature illustre le manuscrit en présentant des scènes figuratives qui soulignent les points ou idées clefs présents dans le récit. Les scènes représentées ne sont d’ailleurs pas systématiquement délimitées par un cadre.

L’origine du mot miniature est une dérive du latin miniare qui signifie « écrire au minium » (un oxyde de plomb utilisé pour confectionner un pigment rouge vermillon pour la mise en couleur des initiales d’un texte). Un rapprochement (ou une confusion ?) entre minium et minimum est semble-t-il à source du sens que l’on lui donne aujourd’hui : celui d’une petite image peinte.

Miniature

Miniature tirée du folio 57v des Anciennes et nouvelles chroniques d’Angleterre (XVème siècle).

Enluminure décorative

L’enluminure est bien sûr largement utilisée pour embellir les ouvrages manuscrits : bandeaux marginaux, bordures, fioritures, cartouches, frontispices, fin de lignes et drôleries sont autant d’éléments décoratifs au service de l’ornementation des codices de parchemin. Il était d’ailleurs fréquent que ces représentations ornementales soient réalisées – selon leur objet – par des copistes spécialisés.

Bordure

Bordures

Les bordures décoratives prennent différentes expressions au fil du temps, mais leur apogée se situe probablement au XVème siècle. Les bordures se composent généralement de motifs géométriques ou végétaux très colorés auxquels se mêlent parfois des représentations animales (oiseaux, insectes ou mammifères) ou humaines. Jusqu’au début du XIVème siècle les bordures avaient pour point d’origine une lettrine dont les ramifications se prolongeaient dans les marges, jusqu’à cerner (encadrer) totalement le texte.

Bandeau marginal

Bandeaux marginaux

Comme son nom l’indique, le bandeau marginal est utilisé pour « remplir » les marges laissées libres à cette intention. Sa composition graphique est similaire à celle employée pour les bordures. On rencontre également les bandeaux marginaux dans les parties supérieures et/ou inférieures des textes agencés en colonnes.

Cartouche

Cartouches

Les cartouches (que l’on peut également désigner par les mots « cadre » ou « encadrement ») se matérialisent le plus souvent par des lignes fermées plus ou moins cursives, utilisées pour mettre en valeur un texte en leur centre. Des versions plus élaborées que le simple cartouche consistent en des dessins figuratifs, ou encore à imiter la forme d’un parchemin.

Fioriture

Fioritures

On retrouve le plus souvent les fioritures ornementales sur les lettres initiales (ou les lettrines). Réalisées à la plume, elles les décorent d’un réseau plus ou moins dense de motifs cursifs plus ou moins élaborés, en débordant parfois dans les marges. Ces traits ornementaux prolongeant l’initiale (ou d’autres éléments décoratifs de l’enluminure) sont exécutés à l’encre noire ou de couleur, sans fond peint.

Frontispice

Pages tapis et Frontispices

Une page tapis est un type d’enluminure abstraite couvrant la quasi totalité d’une page sous la forme d’une illustration généralement abstraites dont les motifs font songer à ceux d’un tapis. Semblable à la page tapis, le frontispice est une illustration de pleine page, généralement placée au début du manuscrit et faisant face à la page de titre. Le frontispice entretien un rapport étroit avec l’objet de l’œuvre et en représente souvent une scène spécifique.

Fins de lignes

Fins de lignes

Les fins de lignes sont des motifs plus ou moins allongé, possédant une hauteur équivalente à celle du corps des lettres, et destiné à combler le vide entre le dernier mot écrit sur la ligne et la marge de droite.

Signes de paragraphe (pieds de mouche)

Signes de paragraphes (pied-de-mouche)

Afin de faciliter la lecture des textes copiés en continu (pour occuper la page de façon optimale), des signes étaient placés entre les paragraphes, matérialisant ainsi une séparation clairement identifiable. Le symbole graphique employé, dérivé de la lettre C (comme chapitre) à traversé les siècles jusqu’à notre époque : on le retrouve en effet dans les logiciels de traitement de texte sous la forme d’une icône marquée du signe ⁋, servant précisément à délimiter les paragraphes en affichant ce symbole.

Grotesque

Chimères et Grotesques

Figures familières de l’art médiéval, les chimères (monstres composites) et les grotesques (ou drôleries) occupent régulièrement les marges, en-têtes et pieds de pages des manuscrits enluminés.

La plupart du temps sans aucun rapport avec le sujet du texte, ces créatures oniriques, monstres et personnages loufoques, particulièrement présents dès la fin du XIIIème siècle sont mis en scène dans des situations humoristiques et parfois irrévérencieuses.

Chimère

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